Comment l’intégrisme d’Etat prend le relais du terrorisme

Publié le par Med ZAHER

 

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Après des années d’effusion de sang pendant lesquelles des actes terroristes de plus en plus violents ont fait des ravages dans la société algérienne, nous vivons une époque où l’on parle de terrorisme résiduel. Les actes de terrorisme ont diminué considérablement, mais paradoxalement les actes d’intégrisme imputés aux commis de l’Etat se multiplient ces derniers temps.

Harcèlements et chasses aux couples, emprisonnement des « dé-jeuneurs » qui ne font pas le ramadan, abolition de la mixité, prêches officiels à tendance intégriste, interdiction de toute manifestation pacifique… les exemples ne manquent pas. C’est désolant de voir des représentants de l’Etat qui ont combattu pendant des années les terroristes islamistes, accomplir aujourd’hui les mêmes ingérences dans la vie privée des citoyens. Il n’est pas rare de voir des policiers venir vous demander la nature des liens de parenté entre vous et la personne qui vous accompagne lorsque vous êtes en couple. Ces mêmes agents de l’ordre interviennent pour interdire aux taxis collectifs de ne pas prendre un homme avec une femme « étrangère » sur le même siège et leur font payer une contravention en vertu d’une étrange circulaire qu’un sinistre responsable, connu par son intégrisme, a réussi à glisser pendant son passage au gouvernement. Les islamistes du FIS n’auraient pas fait pire !!!

Durant le mois du ramadan dernier (20 aout-20 septembre) deux jeunes ont été arrêtés et emprisonnés pour avoir mangé en plein jour. Les prévenus étaient traités tels des criminels. La jeune fille, après sa libération, a déclaré à la presse algérienne : « Dans la salle d’attente, les autres prévenus ne portaient pas de menottes. Nous avons été considérés comme de vrais criminels ». Le motif invoqué pour leur arrestation a été le “dénigrement du dogme et des préceptes de l’Islam” qui est une interprétation d’un article du code pénal algérien : « Art. 144 bis 2. - Est puni d’un emprisonnement de trois (3) ans à cinq (5) ans et d’une amende de 50 000 Da à 100 000 Da, ou de l’une de ces deux peines seulement, quiconque offense le prophète (paix et salut soient sur lui) et les envoyés de Dieu ou dénigre le dogme ou les préceptes de l’Islam, que ce soit par voie d’écrit, de dessin, de déclaration ou tout autre moyen. Les poursuites pénales sont engagées d’office par le ministère public ». Cette grave atteinte aux libertés individuelles n’a malheureusement pas suscité de vrai débat dans la société sur le respect du principe de la laïcité.

Chawki Amari dans une de ses chroniques à EL Watan raconte une histoire pour le moins ubuesque: « Une jeune femme en voiture, qui venait de se faire voler son portable sous le nez d’un policier, est allée se plaindre à ce dernier, digne représentant  de l’ordre. Le policier lui a expliqué que si elle avait porté un hidjab, ce ne serait pas arrivé ». Toutes ces années de lutte anti-islamiste pour voir aujourd’hui des agents de l(ordre public se transformer en prédicateurs prônant des discours radicaux. Un internaute se demande : « c’est pour quand l’interdiction du port du pantalon pour les femmes comme au Soudan ? » Cette question trouve sa légitimité dans le comportement des policiers. En effet, pendant le rassemblement du RAJ pour la commémoration de 21eme anniversaire des événements du 5 octobre, un policier a fermement sommé une femme – qui de par sa condition féminine ne doit pas fumer ! --  d'éteindre sa cigarette.  N’est-ce pas un retour en arrière après l’illusion d’avoir franchi un long chemin vers la modernité et la démocratie ? La décision prise dernièrement par M’hamed Bouguerra, dela direction des œuvres universitaires de l’université de Boumerdès de regrouper les garçons dans une cité universitaire et les filles dans une autre, supprimant, de fait, le caractère mixte de ces deux résidences, est une grave atteinte aux acquis progressistes durement acquis. Mais le plus grave c’est de voir les représentants de l’UGEL (syndicat étudiant proche du parti islamiste MSP) se féliciter en manifestant leur satisfaction après cette abolition de la mixité dans ces résidences universitaires. Un constat alarmant: la régression et les interdits se multiplient. L’Algérie vit une situation marquée par un recul des libertés individuelles de plus en plus inquiétant et une usure  flagrante des acquis républicains menant droit vers l’enfermement dans une religiosité suffocante.


par le matin.dz Amirouche Nedjaa

Publié dans Actualité

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